Le fantôme du féminisme: "L'aventure de Madame Muir" (FIFF 2017, jour 3)

L'aventure de Madame Muir
Une fois n'est pas coutume, LMDLO s'attaque à un classique, ne serait-ce que pour rendre hommage à l'incroyable diversité et qualité de l'offre du FIFF. La sélection "Cinéma de genre", sous-titrée cette année "Histoires de fantômes", propose un impressionnant panel de merveilles plus ou moins anciennes, dont les inoxydables La maison du diable (The Haunting) et L'aventure de Madame Muir (The Ghost and Mrs Muir). Dans le second, un Mankiewicz pas encore célébrissime adapte le roman de R.A. Dick - pseudonyme subtil, n'est-ce pas, de Josephine Leslie - et fait souffler un vent de féminisme sur les années quarante.

Au tournant du 20e siècle, une jeune veuve, Lucy, décide de fuir Londres et surtout ses pénibles belle-mère et belle-sœur. Elle tombe littéralement amoureuse d'un cottage en bord de mer, dont le charme tient en partie à la présence du fantôme du précédent propriétaire, un vieux loup de mer aussi élégant que bourru.

L'aventure de Madame Muir

Loin de la société victorienne, de son hypocrisie et surtout de sa profonde misogynie, Lucy va se réinventer grâce à la présence - réelle ou rêvée, peu importe - de ce personnage inattendu. Celui-ci la pousse - vive l'empowerment - à s'affirmer, c'est-à-dire à voir plus loin - difficile de passer à côté de la métaphore du télescope braqué sur le large, par ailleurs aussi un brin phallique : tout y est.

L'affirmation de soi passera par l'art, ce qui n'est pas plus mal, et par la solitude : on ne s'émancipe pas comme ça en 1900. Ce qui n'empêche pas le film, tout en moquant le romantisme mièvre des comédies sentimentales habituelles, de conserver une tonalité optimiste qui en fait un manifeste aussi beau que réjouissant.

L'aventure de Madame Muir

Les maisons hantées tiennent lieu d'interfaces, de transitions entre deux mondes, celui des êtres de chair et d'os et un au-delà dont reviennent les esprits intranquilles. Ici, toute la beauté du roman et de son adaptation tient à la manière dont le fantôme sert de ressource à l'héroïne pour réinventer son destin de femme dans un monde d'hommes.

La comédie romantique à son sommet absolu.

L'aventure de Madame Muir au FIFF:


Il reste une seule séance à Fribourg, le mercredi 5 avril à 17h30.

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